L'Eglise de Bourg le Roi
La légende nous dit que l'emplacement de cette église était déjà occupé à l'époque Gallo-Romaine par un temple dédié au Dieu Mars, Dieu de la guerre. Il est permis de supposer que ce temple aurait eu une forme carrée, semblable au fanum de Oisseau-le-Petit.
L'existence présumée de ce temple justifierait celle d'une agglomération suffisamment importante pour lui fournir une fréquentation régulière. Il est probable que la consécration de ce bâtiment au culte catholique remonte aux environs de 375, période où Saint Julien, évêque du Mans convertit la région.
Dans les archives épiscopales, il est mentionné "Julien érigea près de cent églises et les assujettit à la cathédrale du Mans, les obligeant à payer tous les ans, comme tribut, une certaine quantité d'huile et de cire pour l'entretien des luminaires, et quelques rentes de blé pour la nourriture des moines".

En 1198, le village s'agrandissait considérablement sous l'impulsion de Henri II Plantagenet qui en fit une place forte. L'église dut être agrandie, elle devint donc sous son aspect extérieur, à peu de choses près, telle que nous la voyons aujourd'hui.

Extérieur : La maçonnerie de la nef et de la tour, constituée de moellons avec de très larges joints, et l'épaisseur des murs témoignent bien des constructions du XIIème siècle (80 à 90 cm pour la nef, 1,35 m pour la tour). En outre, deux petites fenêtres face au vicariat confirment sans aucun doute, par leur forme, cette époque. Comme la majorité des bâtiments de cette période, les fondations sont superficielles, presque inexistantes. Cette masse de pierres indiquait le désir de monter la tour beaucoup plus haute que nous la voyons aujourd'hui. Pour des raisons encore inconnues, elle ne fut pas achevée suivant le projet prévu mais terminée sans doute, à partir du chanfrein par une charpente, recouverte de planches. Ce n'est que bien plus tard, au XVIème siècle que cette partie haute fut exécutée en maçonnerie. Les murs en sont moins larges, ce qui explique le chanfrein.

La façade dut être remaniée plusieurs fois, porte et fenêtre sont assez récentes (fin XVIIIème début XIXème). Les contreforts d'angle ont dû être rajoutés au XVIème siècle pour consolider quelques faiblesses. Sur ces contreforts on peut voir des figurines sculptées, personnifiant les grands pêcheurs et les excommuniés qui ne pouvaient rentrer dans l'église. Ces figurines d'inspiration médiévale ne peuvent être d'époque, les contreforts n'existant pas à l'origine.
Il existait au dessus de la petite porte d'entrée, un porche en charpente couvert de tuiles pour abriter des intempéries les grands pêcheurs interdits de temple. Quelques siècles plus tard, des joyeux paroissiens venant chercher leurs épouses, se rassemblaient sous ce porche et y manifestaient bruyamment leur joie, troublant la sérénité des offices. Irrité de tant de désinvolture, Monsieur le curé Loreau, fit purement et simplement détruire cet abri, témoin resté à peu près intact du Moyen-Age.

Intérieur : Quand on pénètre dans l'église par la grande porte, on s'aperçoit que le sol n'est pas de niveau régulier, mais monte vers le choeur, alors que le haut des murs de la nef se trouve bien horizontal. Disposition voulue, et pourquoi ? ou adaptation au terrain ? difficile de savoir ! Nous comprenons que les premières églises étaient très rudimentaires, nos ancêtres allaient au plus simple, l'esthétique n'ayant rien à voir avec leur foi. Dans ce cas, cette pente quelque peu surprenante ne peut que témoigner de l'ancienneté de l'église. Toujours à l'entrée, et au sommet de la voûte nous avons deux dates sculptées qui indiquent les époques de restauration du parquetage 1735 et 1985, soit 250 ans entre les deux opérations.
Sous nos pieds, la pierre tombale d'un prêtre avec la croix et le ciboire, elle fut retirée du choeur au cours de travaux et remise à cet emplacement. A droite et à gauche de la nef, cinq vitraux exécutés en 1939 relatant les monuments de Bourg le Roi. L'un représente le calvaire, et le supplice de l'abbé Loiseau sous la révolution. L'autre, la porte St-Rémy et le baptème de Clovis. Il y a également la Tour accompagnée de St Emérantienne sur le tombeau de St Agnès.
L'autel du choeur est de 1886, il a remplacé un ancien autel en bois fixé sous le grand vitrail, entre St Julien et St Pierre dont les statues sont classées. La fenêtre du choeur fut murée en 1770 et réouverte au XIXème siècle, les vitraux actuels sont de 1866 et ont été restaurés en 1987. Il est à noter que la charpente au-dessus du choeur et du transept a subi une forte poussée vers la nef. Cette partie de l'église pourrait correspondre à l'emplacement du tout premier bâtiment, c'est à dire le fanum Gallo-Romain puis, la première église carolingienne. Décidemment, les légendes exercent leur influence fort longtemps, elles ont la vie tenace !
La chapelle de la vierge : La voûte à croisées d'ogives n'existait pas à l'origine. Elle aurait été rajoutée fin du XVème siècle début XVIème siècle, ce qui explique l'escalier intérieur. Devant l'autel, se trouve une pierre tombale indéchiffrable tellement elle est usée (tombe ecclésiastique). Une statuette en bois dorée à la feuille représente la vierge.
Chapelle nord : Deux statues classées, St Ovide, dont on ne trouve aucune trace dans l'histoire religieuse, et St Antoine.